Poème de l’arrière-cour
C’est l’été. Les
pensées sont des jeux d’ombres
sous le feuillage qui tangue
comme une chaloupe amarrée dans la lumière.
L’air accueille des vagues lentes et
bleues.
L’après-midi, impérial
en son silence,
immobilise ses navires.
Détachée
du corps
un bref instant avant la sieste,
la conscience est une samare qui tourne
sur elle-même et tombe à travers
le vide.
Un goéland monte et descend
dans la mer des tranquillités.
Le feuilleté du sens, son chuchotis
doux à l’oreille,
émerge des pages du livre ouvert
entre le monde et la fiction du monde.
Si la longueur d’une vie, comme l’écrit
un poète chinois,
correspond au rêve d’un brin d’herbe,
les pelouses sont des lits où dormir
en paix.
La réalité flotte comme un pollen
de pissenlit
lors d’un bref instant qui dure tout
l’été.
Elle flotte entre veille et sommeil
tandis que le feuillage prolonge les images
du livre
jusqu’aux dernières branches suspendues
dans la lumière profuse.
Elle
flotte
sans raison sinon le désir de flotter,
sans preuve dans sa présence en suspens.